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Import/Export : communiqué de presse

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Artiste(s) : Philippe Durand | Rainer Ganahl | Pierre Joseph | Fransje Killaars | Claude Lévêque | Michael Melián | Roy Villevoye | Barbara Visser | Jun Yang

Villa Arson, Nice
26 janvier - 31 mars 2002

Vernissage le 25 janvier à 18 heures

Commissaires d’exposition : Hildegund Amanshauser et Laurence Gateau


Import/Export est le fruit d’une collaboration entre Hildegund Amanshauser, directrice du Kunstverein de Salzbourg, Mirjam Westen, conservatrice au Museum voor Moderne Kunst de Arnhem et Laurence Gateau, directrice du Centre national d’art contemporain de la Villa Arson, Nice.
Cette exposition traite des questions de la nationalité et de l’échange culturel. Dans le petit village du monde de l’art international, l’appartenance n’est pas forcément décelable. Tous les acteurs font partie d’une communauté internationale et sont en même temps enracinés dans leur origine nationale, régionale, religieuse, ethnique. Presque tous les États de l’Europe occidentale apportent une aide financière importante à l’exportation. La production artistique nationale et sa présentation sont considérées comme des facteurs importants et représentent des atouts efficaces pour l’industrie du tourisme.

Import/Export illustre de façon ironique comment les critères économiques, qui jouent un rôle déterminant dans les politiques culturelles, sont des facteurs décisifs de la répartition des fonds publics. L’exposition Import/Export se préoccupe précisément de ces phénomènes qui existent dans l’Europe actuelle, appelée à se resserrer davantage encore dans le cadre de la Communauté européenne, mais divisée à sa périphérie géographique (la Russie, l’ex-Yougoslavie) dans des États toujours plus petits et en conflit.

Philippe Durand est né en 1963 à Oulins, France.
Il vit à Paris et Bruxelles.

Juxtaposant la pratique d’une dérive urbaine post-situationniste et la position d’un flâneur de la fin du 20e siècle, Philippe Durand observe les éléments de l’espace public pour en restituer une image critique. D’Hollywood, un ensemble d’œuvres contenant plusieurs séries comme les Still-Life Armed Response ou Lierre Antenne, donnent à voir les soubassements idéologiques de la société américaine au travers de son urbanisme. (…) S’il procède bien à des formes multiples d’enquêtes au sein de l’espace social, Philippe Durand n’envisage pourtant pas son travail comme relevant d’un art d’investigation au sens strict, avec la portée analytique et la dimension politique que ce dernier supposerait. Car s’il est une politique pour ses photographies, c’est bien celle d’une érotisation du réel. Le monde y est saisi dans toute sa complexité organique. Le végétal lutte avec l’asphalte, le pollen s’allie avec une plaque d’égout. On est alors bien loin des lois, règlements et statistiques. Philippe Durand ne prétend aucunement décoder le réel, mais plutôt le ré-encoder le faisant passer par cette perception singulière. Photographiés, des graffitis tracés dans la poussière d’une vitrine ne peuvent dire que l’énigme offerte au passant par leur auteur anonyme. Il ne s’agit alors pas pour l’artiste de prétendre en dégager une vérité monolithique mais au contraire d’amplifier cette illisibilité. (…)

Pascal Beausse


Rainer Ganahl est né en 1966 à Bludenz, Autriche. Il vit et travaille à New York.

Basic Linguistics (Linguistique de base) est le titre d’un projet en cours de Rainer Ganahl dans lequel il analyse toutes les facettes de l’apprentissage et de la pratique des langues autres que la langue maternelle. Il présentait déjà une partie de ce travail au Pavillon de l’Autriche à la Biennale de Venise en 1999. Que traduisons-nous exactement ? Quelle est l’influence de la traduction et comment intervient-elle dans la communication ? Dans l’exposition Import Export, Rainer Ganahl a présenté en Autriche une nouvelle installation in situ basée sur les résultats d’un séminaire à Salzbourg qui avait pour thème l’opposition au nouveau gouvernement autrichien. Un séminaire semblable a été organisé à Arnhem en collaboration avec le Studium Generale de l’École Supérieure des Arts de Arnhem. À Nice, le séminaire de R. Ganahl Lire Frantz Fanon aura pour sujet l’influence de l’Afrique du Nord sur Nice après le retour des Français d’Algérie. À chaque fois, son installation se trouve enrichie par les dessins, photographies, copies des discussions sur internet (www.ganahl.org <http://www.ganahl.org/>) et vidéos des séminaires précédents. À la Villa Arson, le projet est réalisé avec les étudiants du DESS de la Faculté de Lettres de Nice.


Pierre Joseph est né en 1965 à Caen.
Il vit à Reims.

La popularité de Pierre Joseph repose principalement sur les « Personnages à réactiver ». Un acteur réactive un personnage légendaire (Superman, la Belle au Bois dormant, Don Quichotte) ou générique (une lépreuse, un guerrier médiéval, une sorcière). Au « qu’est-ce que je vois ? » auquel il invite le spectateur, c’est par un « qu’est-ce que je sais ? » qu’il répond aujourd’hui. Pierre Joseph invoque des savoir-faire pour les vivre : s’initier au japonais (Akane), au base-ball (My own expérience of base-ball), au travail dans une industrie (Join the work in Japan, knowledge) (ensemble de vidéos). Les œuvres de Pierre Joseph désignent cette condition, cette sorte de précarité sociale et professionnelle qui, aujourd’hui, modifie singulièrement notre relation au savoir, au travail, au temps et à l’histoire. Précarité qui est devenue un enjeu dans la construction de l’identité où l’individu se pose la question de son adaptation - en l’occurrence de son inadaptation. Pierre Joseph fait l’hypothèse d’un artiste inachevé sans l’autre, et dont l’inadaptation serait le moteur d’un savoir dont les étapes seraient l’unique production. Pour Import/Export, Pierre Joseph explore les enjeux de l’exposition ainsi que ceux de l’enseignement de l’art. À cette occasion, il a invité Stéphane Magnin à mener un travail de recherche avec un groupe d’étudiants dans l’espace d’exposition. Conçu comme un véritable chantier de réflexion cette proposition induit des déplacements entre l’espace d’enseignement et l’espace de monstration.


Fransje Killaars est née en 1959 à Maastricht.
Elle vit et travaille à Amsterdam.

Le langage visuel de Fransje Killaars est celui de la couleur et de l’espace. Son travail consiste en des installations de couleurs lumineuses : combinaisons de tapis et de revêtements muraux qui rappellent les tissus et peintures indiens. Ces œuvres suggèrent non seulement une interaction physique avec le spectateur mais en surmontant des idées préconçues et détachées, elles en explicitent le sens. Contrairement à la forme, la couleur a une moindre capacité de représentation. Le domaine de Killaars est le chora, lieu où tout est encore fluide : l’état primaire où les formes et symboles n’ont pas encore été forgés de la même façon que nous les rencontrons dans l’ordre linguistique conscient. On emploie la couleur pour confirmer des idéologies d’ordre politique, culturel ou commercial. Souvent Fransje Killaars joue aussi sur ces différents degrés, parfois stéréotypés, du sens.


Claude Lévêque est né en 1953 à Nevers.
Il vit et travaille à Montreuil-sous-Bois.

Claude Lévêque est proche de la culture alternative, celle de la mouvance punk et rock. Il ne cache pas son intérêt pour ce que ces groupes, souvent marginaux et décriés, expérimentent, fabriquent et suscitent. L’intérêt, presque la fascination pour des formes d’expression mettant en scène une violence anti-sociale où, à tout le moins, les formes exacerbées d’une altérité radicale, Claude Lévêque l’a tout d’abord expérimenté au travers du mouvement punk, qu’il a vécu intensément et activement, et dont l’iconographie comme les fondements et postulats restent encore aujourd’hui une référence déterminante de son univers personnel. Il a souvent recours à l’installation où la lumière, le son, les enseignes néons créent une hypertension, capable de mettre en scène des dérives sociales. Il fait intervenir des objets familiers, objets de l’enfance (ours en peluche, figurines de baby foot…) ou mobilier de collectivité (piscines, dortoirs, salles de classe et complexes sportifs…). Son ambition n’est pas d’agir sur l’art mais d’œuvrer sur le quotidien. À Salzbourg et Arnhem, il a présenté une œuvre intitulée Arbeit macht frei. Pour l’exposition à Nice, l’artiste présente un projet spécifique.


Michaela Melián est née en 1956 à Munich.
Elle vit et travaille à Eurasburg, Allemagne.

Michaela Melián a réalisé récemment plusieurs installations dédiées à des femmes méconnues à ce jour et qui ont joué un rôle important dans l’histoire du 19e et du 20e siècle. Melián a concentré son travail sur Bertha Pappenheim, connue sous le nom de Anna 0, patiente de Freud qui a beaucoup contribué au développement de la psychanalyse. La vie de Bertha Benz a également été évoquée dans plusieurs installations où M. Melián a souligné l’apport de cette femme au développement des techniques de l’automobile. Pour l’exposition Dream City, la participation de Michaela Melián portait le titre Kein Mensch ist illegal (Personne n’est illégal), laissant l’issue politique de l’émigration interférer avec le monde de l’art. Son installation dans Import Export contient plusieurs objets, tous des reproductions de modèles existants de l’industrie de l’armement et de l’automobile. Étant donné l’importance des profits réalisés pour les économies nationales qu’aucun autre secteur de l’industrie ne pourrait égaler, ces industries se disputent les marchés internationaux. Dans l’exposition, Michaela Melián présente la reproduction d’une mitrailleuse (Mossberg Model Bullpup) haute de 7 mètres. Fabriquée en tissu-éponge, cette pièce fonctionne comme une sculpture douce, sur laquelle on peut s’asseoir.


Roy Villevoy est né en 1960 à Maastricht.
Il vit et travaille à Amsterdam.

Les peintures, collages, photographies et collections de Roy Villevoy surprennent souvent le spectateur. Les résultats de ses actions peuvent paraître évidents. Mais dans le processus de la signification, la complexité de ses œuvres se révèle par couches successives. Son voyage en Inde et en Irian Jaya l’a beaucoup influencé : il l’a mis en contact avec des gens de différentes origines culturelles et linguistiques et a créé l’occasion de découvertes visuelles et matérielles. Simultanément, et parfois en amont de ces voyages, il a réalisé une série d’esquisses, de collages, de peintures sur peau et d’autres « collections » qui reflètent sa fascination croissante pour toutes les nuances de la peau humaine. Il s’intéresse à la variété des codes et structures qui régissent notre approche de celui qui représente « l’autre ».


Barbara Visser est née en 1966 à Haarlem.
Elle vit et travaille à Bruxelles et Amsterdam.

Dans ses vidéos, films, installations et travaux photographiques, Barbara Visser questionne la relation entre réalité et fiction, réalité et documentation. À travers le reality hacking « piratage du réel », elle analyse la réalité de la société médiatisée dans laquelle, semble-t-il, les êtres et les situations n’ont de l’importance et de la signification que filmés ou photographiés. A Day in Holland/Holland in a Day est le titre d’une nouvelle série de photographies et de travaux vidéo de Barbara Visser. Pour les réaliser, elle est allée à Huis Ten Bosch Stad au Japon où on a reconstruit à l’identique un ensemble de paysages urbains hollandais historiques. L’intérêt de Barbara Visser pour le phénomène de Huis Ten Bosch Stad est basé sur l’exploitation de sa parfaite imitation de la réalité.


Jun Yang est né à Shanghai en 1975.
Il vit et travaille à Vienne, Autriche.

Etant immigré, Jun Yang est depuis des années considéré comme un étranger dans son pays ainsi que dans son pays d’origine, la Chine. Jun Yang (re)construit des images d’étrangers. Se basant principalement sur son expérience personnelle, il confronte le spectateur à la tension inhérente à tout échange culturel. Pour Import/Export, il a réalisé une nouvelle installation en recréant une partie de l’intérieur d’un restaurant chinois composé d’un plafond typiquement chinois au-dessus d’une table et deux chaises. Par vidéo, Jun Yang raconte l’histoire de ses parents qui émigraient de Chine en Autriche et comment ils ont fini par travailler dans un restaurant chinois, comme tant d’autres émigrants chinois.