Villa arson
couleur : 
rechercher

Le monde après la photographie : communiqué de presse

télécharger au format pdf | Aide



données | communiqué de presse | carton, affiche | œuvres | plan

Artiste(s) : Dennis Adams | Lewis Baltz | Hannah Collins | Pascal Convert | Stan Douglas | Harun Farocki | Jochen Gerz | Jorge Molder | Gerhard Richter | Hiroshi Sugimoto | Bruno Yvonnet Collectif(s) d'artistes : Jean-Marie Straub & Danièle Huillet

Villa Arson, Nice
3 février - 21 avril 1996

Vernissage le 2 février à 18 heures

Commissaire d’exposition : Régis Durand, en collaboration avec Joëlle Pijaudier et Savine Faupin


L’image photographique a profondément transformé notre manière de voir et de représenter le monde ; elle a accompagné, au travers de toutes ses évolutions, une bonne partie de ce siècle, entretenant avec lui des rapports ambigus et complexes. Aujourd’hui, alors que la photographie est en train de perdre peu à peu ses fonctions d’usage au profit d’autres formes d’images, pour ne conserver qu’une fonction artistique, ce sont de nouvelles relations qui s’établissent entre le réel et ses représentations, et les observateurs-acteurs que nous sommes.
L’exposition réunit treize artistes, cinéastes, peintres, sculpteurs ou photographes. À travers leurs œuvres apparaissent quelques lignes de force : la constitution d’une iconographie contemporaine ; le rapport à la mémoire et à l’histoire ; la question politique (la culture et ses icônes, la gestion du visible, la guerre des images et la guerre tout court) ; le rapport au temps et à l’espace, et les redéfinitions de la notion de présent qui en résultent ; l’espace intime (du corps, de la pensée), sa défense et ses violations ; le sommeil, le rêve, l’illusion, etc.
Le monde après la photographie, c’est une configuration du visible qui s’éloigne de nous après avoir longtemps dominé nos représentations, et d’autres modes de relations qui tentent de se mettre en place. Les images qui sans cesse apparaissent et se reversent sur la réalité, dans un processus qui semble s’accélérer jusqu’à l’implosion, constituent « le monde » avec lequel les
artistes tentent d’effectuer des connections ou dans lequel ils instaurent des poches de résistance, des passages, des sas.
L’exposition présente une cinquantaine d’œuvres réalisées de 1968 à 1995. Certaines d’entre elles ont été produites à l’occasion de l’exposition (Lewis Baltz, Pascal Convert, Harun Farocki, Jorge Molder et Bruno Yvonnet).
Cette exposition a été réalisée au Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq, elle sera accompagnée par une programmation de workshops et de conférences.

Régis Durand


Dennis Adams

Né en 1938 à Des Moines, États-Unis. Vit et travaille à New York.

Dans ses installations photographiques, Dennis Adams questionne la signification des images issues de la mémoire collective. Ses œuvres font référence à des données historiques ou sociopolitiques. Patricia Hearst A thru Z, 1979-81, se présente comme un abécédaire photographique composé de 103 photographies d'une jeune femme qui défraya la chronique et qui fut victime de la manipulation des médias dans les années 70. À travers des constructions associant sculptures et photographies, Dennis Adams propose une réflexion sur l'espace et le mobilier urbains contemporains (Solar Anus, 1992).

Lewis Baltz

Né en 1945 en Californie, États-Unis. Vit et travaille à Paris.

À travers des montages d'images photographiques, Lewis Baltz met en évidence la guerre des pouvoirs et la façon dont les images en sont partie prenante. The Po/itics of Bacteria, œuvre réalisée à l'occasion de l'exposition, conclut un cycle de travaux qui dénoncent une société de surveillance intégrale au service de l'État. Des images issues de systèmes de vidéosurveillance urbains sont associés à des photographies prises au Ministère des Finances à Paris.

Hannah Collins

Née en 1956 à Londres, Grande-Bretagne. Vit et travaille à Barcelone, Espagne.

Hannah Collins a commencé par photographier les performances d'autres artistes britanniques. Dans les années 80, ses images sont souvent des photographies au format proche de celui d'un écran de cinéma qui présentent de larges panoramiques vides - paysages désertiques,
intérieurs inhabités… - signalant les traces d'une occupation précédente, d'une absence. La dimension monumentale du tableau photographique acquiert une valeur spatiale qui le rapproche du champ de l'installation.

Pascal Convert

Né en 1957 en France. Vit et travaille à Paris.

Pascal Convert n'est pas photographie mais son travail concerne la plupart des notions que la photographie met en jeu, l'empreinte, la trace ainsi que le rapport à la mémoire et à l'histoire, les relations entre espace intime et espace public, entre proche et lointain. Un imaginaire du reflet et de ses métamorphoses sous-tend les Keshiki (« paysage » en japonais), vastes panneaux de verre suspendus dans l'espace. Sur la plaque de verre est gravée une image retravaillée et numérisée extraite d'une bande vidéo de l'artiste représentant un arbre. Cette même vidéo numérisée et projetée sur la plaque, donne une perception d'instabilité, de mouvance à la fois de l'image, de l'espace et de la lumière.

Stan Douglas

Né en 1960 à Vancouver, Canada. Vit et travaille à Vancouver et Berlin.

En utilisant le son, la voix ou la musique et l'image vidéo, Stan Douglas remet en cause les structures narratives traditionnelles et travaille à redéfinir sans cesse la position du spectateur. Overture, 1986, est un film monté en boucle à partir d'assemblages d'extraits d'archives tournées entre 1899 et 1901 montrant le parcours d'un train en montagne. Cette projection est accompagnée d'une bande sonore narrative diffusant un extrait de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust. Monodramas, 1991, ensemble de dix séquences vidéo rejoint l'univers des mass médias - les fictions et les publicités télévisées - et leur mode d'expression. Ces mini-fictions, sans début ni fin, aux références multiples, font référence au flux télévisuel et révèlent le vide qui en émane.

Harun Farocki

Né en 1944 à Neutitschein, en République tchèque. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

Cinéaste, Harun Farocki s'interroge sur les problèmes de la production, de la transformation et de la lecture des images. Il porte un regard critique sur la surabondance des images et sur l'impossibilité de créer un nouveau mode d'expression cinématographique. Le cinéma de Harun Farocki procède le plus souvent par montages d'images filmiques existantes sur lesquelles il propose de porter un nouveau regard. « Quand on veut ou quand on doit aujourd'hui faire quelque chose de nouveau, on ne peut pratiquement pas faire des images : plutôt des images d'images. » Harun Farocki
Il réalise pour l'exposition une bande vidéo créée à partir d'extraits de ses propres films tournés entre 1969 et 1994, qu'il accompagne d'un commentaire.

Jochen Gerz

Né en 1940 à Berlin, Allemagne. Vit et travaille à Paris.

En utilisant des supports très divers - performance, vidéo, installation, écriture, photographie - Jochen Gerz met en question certaines formes de représentation et de discours produits par notre culture. « Le langage fait du monde extérieur un reflet de lui-même. Cela signifie que le monde extérieur est ce qui en est dit… Notre langage assure mécaniquement la domination de la représentation sur la vie. » Jochen Gerz
La série d'œuvres présentées dans l'exposition, représentatives du travail de Gerz de 1970 à 1993, associe photographies et textes. Dans ses dernières œuvres At. the. end. of. the. Century (1993) et Your. art. is (1991), il suggère par l'emploi d'images et de textes peu lisibles, l'imprécision et la difficulté de la communication.

Jorge Molder

Né en 1947 à Lisbonne, Portugal. Vit et travaille à Lisbonne.

Les photographies de Jorge Molder isolent des objets par des détails ou des angles de vue particuliers. Devant ces images extraites de leur contexte, il devient manifeste que ce n'est pas une scène ou un objet qui sont représentés pour eux-mêmes, ni une matière offerte à un regard de connaisseur. Le caractère énigmatique de ce qui est figuré, l'agencement en séries ou en ensembles construits, le sentiment très fort d'une maîtrise, nous incitent à lire autre chose - la trace d'une pensée, bien plus que la représentation analogique du monde.

Gerhard Richter

Né en 1932 à Dresde, Allemagne. Vit et travaille à Cologne.

Au début des années 60, Gerhard Richter réaffirme le fait pictural à un moment où la scène artistique rejette la peinture. Le problème de la représentation sous-tend tout son œuvre qui évolue entre figuration et abstraction, interrogeant l'histoire de la peinture. Les tableaux réalisés à partir de photographies provoquent un décalage visuel, temporel et formel. Ces œuvres oscillent entre présence et absence.

Hiroshi Sugimoto

Né en 1948 à Tokyo, Japon. Vit et travaille à New York.

Hiroshi Sugimoto réalise à partir de la fin des années 70 des photographies de salles de cinéma puis de drive-in aux États-Unis, images de lieux en disparition. Dans ses œuvres, l'écran blanc qui semble vide est le résultat de la surimpression des images défilées pendant la durée du film qui est aussi le temps de pose. Cette œuvre propose une réflexion sur le temps, la disparition ainsi que sur le médium photographique et le cinéma.

Jean-Marie Straub/Danièle Huillet

Nés en 1933 et en 1936 en France. Vivent et travaillent à Rome, Italie.

Le cinéma de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet fait souvent référence à la littérature, à l'histoire ou à la musique. Un de leurs films est présenté dans l'exposition: Trop tôt/trop tard, 1981, est le constat de l'inévitable décalage entre le réel et ses images, entre histoire et présent. Le film est construit en deux parties. L'une présente des vues contemporaines de Paris, de villes et de villages en France, villes nommées dans un texte de Engels décrivant la misère à la veille de la Révolution de 1989. L'autre montre des villages d'Égypte, évocation d'un texte de Mahmud Hussein sur les révoltes paysannes en Égypte depuis la campagne de Bonaparte jusqu'au temps de Nasser. Straub/Huillet rendent sensible dans leurs films le flux du temps et invitent à la contemplation.

Bruno Yvonnet

Né en 1957 à Marseille, France. Vit et travaille à Lyon.

L'œuvre de Bruno Yvonnet interroge les limites de la représentation, la surabondance des images et l'utilisation qui en est faite par les médias. Il réalise des peintures au bitume à partir de photographies parues dans des quotidiens. En isolant un détail de son contexte, en l'agrandissant et en le recadrant, il minimise la narration et crée un effet de mise à distance. Les œuvres présentées appartiennent à la série Et in Arcadia Ego commencée en 1993.