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Florence Martel : communiqué de presse

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Artiste(s) : Florence Martel

Galerie de l’École, Villa Arson, Nice
18 novembre - 11 décembre 1994

Vernissage le 17 novembre à 18 heures


Diplômée à l’ÉPIAR-Villa Arson, en 1992, Florence Martel, dont on avait pu voir les travaux à la galerie Art : Concept de Nice, en juillet 1992, puis en décembre de la même année à l’occasion des Mystères de l’auberge espagnole à la Villa Arson, réalise ici sa première exposition personnelle. Le travail qu’elle y montre est issu d’une réflexion commencée l’année dernière lors de son séjour à la Casa de Velázquez de Madrid.


Alice au pays de Gulliver

Visiter une exposition de Florence Martel c’est à la fois faire sienne l’expérience du tout petit et celle du beaucoup plus grand. C’est accepter de laisser aller le regard dans un monde clos et miniaturisé, reproduisant à l’identique le réel. En somme, retourner un peu en enfance. Rejouer le jeu de la recréation du monde dans le monde, comme ces nostalgiques orfèvres du dimanche qui collent les petits bouts de balsa de la maquette de leurs rêves.
Mais se projeter dans l’univers un peu étrange de Florence Martel revient aussi à s’exposer aux pires déformations : se sentir soudain devenir très petit face à une boîte d’allumettes ou à une équerre. Perdre ses repères et la mesure des choses. Ne plus savoir si l’on est dans l’infiniment petit ou le réel : le paysage alpin miniature ramassé par la pelle. Car les éléments qui composent ce petit monde ténu sont susceptibles à tout instant de changer de proportions. La vision est sans cesse sujette au leurre.
Ni sculpture, ni installation, les pièces de Florence Martel sont des images en volume qui ne veulent rien dire d’autre que ce qu’elles montrent. « Une chaise est une chaise même si elle est faite d’allumettes, une boule de billard est une boule de billard même si c’est une tête d’épingle qui la représente1. » Mais à y regarder de près une équerre n’est plus équerre car son angle droit est faussé et une photocopie couleur n’est plus une surface plane, mais se mue en un collage spatial, un Just What Is It that Makes Today’s Home so Different, so Appealing ?2 en volume. Et puisque rien n’est aussi simple dans le monde de Florence Martel, comme dans un jeu de construction, un parpaing devient une H.L.M. par un saisissant raccourci : lorsque la forme coïncide avec sa signification.
Au fond très dissemblables, ces pièces qui ont chacune un contenu et une sensibilité qui leur est propre, entretiennent entre elles ce que l’artiste appelle joliment une « harmonie conflictuelle » et c’est bien du rapport à la dimension des successives ondulations d’échelle que l’œuvre tire son sens.
Elle ne mesurait plus maintenant que vingt-cinq centimètres, et son visage s’éclaira à la pensée qu’elle avait à présent la taille qu’il fallait pour franchir la petite porte et pénétrer dans l’adorable jardin. Pourtant, elle attendit un peu : « Car, voyez-vous, se disait Alice, je pourrais bien finir par me réduire à néant, telle une bougie. Je me demande de quoi j’aurais l’air, alors ? » Et elle essaya d’imaginer à quoi ressemble la flamme d’une bougie après qu’on l’a soufflée, car elle ne se souvenait pas d’avoir vu jamais rien de semblable3. »

Catherine Macchi


Notes
1. Marc Giloux, in catalogue d’exposition Florence Martel, Francisco Mora Peral, Jean-Michel Othoniel, Fernando Sanchez Castillo, Casa de Velázquez, Madrid, 1993.
2. Œuvre de Richard Hamilton datée de 1956, fondatrice du pop art britannique.
3. Lewis Carroll, Les aventures d’Alice au pays des merveilles.