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Et la chambre orange : communiqué de presse

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Artiste(s) : Dominique Gonzalez-Foerster

Galerie de la Villa, Villa Arson, Nice
23 octobre - 29 novembre 1992

Vernissage le 22 octobre à 18 heures


Dominique Gonzalez-Foerster s’emploie à introduire dans le système des arts visuels, des qualités qui d’ordinaire relèvent du littéraire : tant dans le mode d’accès à l’œuvre que dans les rapports de durée et d’implication que nous entretenons avec elle. Celle-ci devrait devenir captivante au sens plein du mot, comme peuvent l’être un film ou un roman. L’artiste nous propose ici un parcours physique et mental en trois phases qui s’apparente à une progression de type narratif : Les « Entrées » (noire, rose, bleue, blanche, rouge et verte), constituent autant d’amorces colorées parmi lesquelles le visiteur peut choisir les indices de son propre récit, un dispositif au sol (« Jeu ») qui relève encore de l’exercice mental, topographique, commun aux projets et au souvenir, enfin un espace tridimensionnel qui donne son titre à l’ensemble et qui pourrait bien être cette chambre des parents, typique des années 70, dans laquelle on pénètre en retrouvant le trouble d’une transgression, la vague réminiscence d’une intrusion furtive.

Dominique Gonzalez-Foerster ne nous conte pas d’histoire, son rôle se borne, en usant d’éléments autobiographiques, à placer çà et là des indices propres à stimuler l’imaginaire, à susciter les réflexes d’un mécanisme de remémoration, d’investigation et d’identification. L’œuvre est ouverte, juste assez définie pour que l’on puisse s’y couler, y inscrire son propre récit, pour que le souvenir suggéré puisse convenir au particulier, trouver un écho dans l’intime de celui ou de celle qui s’y glisse.

La couleur n’obéit ici à aucune symbolique préétablie. Elle imprègne plus qu’elle ne recouvre, elle correspond plutôt à une temporalité, et confère à la pièce une unité visuelle et sensible qui en facilite l’investissement, une atmosphère propice à la traversée des apparences. Elle agit comme un filtre qui qualifie le souvenir et différencie ses territoires. Elle caractérise la distance de l’enfoui, celle de toute mémoire que contamine peu à peu la fiction, où le faux prend la teinte du vrai, où le fantasme et le vécu fusionnent.

Hubert Besacier
octobre 1992