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Artiste(s) : Claire Fontaine
Villa Arson, Nice
24 novembre 2007 - 3 février 2008
Vernissage le 23 novembre 2007 à 18 heures
Le Centre national d’art contemporain de la Villa Arson présente quatre expositions monographiques. Les quatre artistes, pourtant fort différentes dans les formes et supports proposés, ont toutes en commun de révéler des modes et des chaînes de production, qu’ils soient artistiques, économiques ou politiques, fictifs ou réels.
Totalement inscrite dans la grande tradition de la photographie américaine qui va de Walker Evans à Diane Arbus, en passant par Robert Franck, l’œuvre de Zoe Leonard aborde par différentes séries tous les arcanes de la société à laquelle elle appartient. Reconnue pour son engagement politique, l’artiste a notamment interrogé le statut de la femme à travers des portraits de personnages féminins en cire découverts en 1991 dans les archives de l’École de médecine de Paris. Ne se limitant jamais à un contenu et à une méthode spécifique, et alors qu’elle s’est sensiblement retirée du monde de l’art de 1994 à 2006, elle réalise un travail consistant à photographier les vitrines traditionnelles des magasins de East Village à New York de manière très protocolaire, en utilisant un vieux Rolleiflex pour unique appareil photo. New York et ses boutiques sont alors le point de départ d’une filature de produits manufacturés exportés parfois jusqu’en Ouganda afin d’êtres vendus sur le marché d’occasion. Ce travail porte ainsi sur la disparition progressive de toute une « iconographie » typiquement américaine, s’inscrivant aussi dans une réflexion sur les mutations des chaînes de production et de diffusion du commerce international.
L’ensemble du travail est constitué d’une seule installation composée de près de 400 photographies, réunies sous le titre d’Analogue.
L’exposition est co-produite avec la Documenta de Cassel et le Wexner Center for the Arts (Houston).
L’exposition reçoit le soutien exceptionnel de NEUFLIZE VIE et de Etant donnés : The French-American Fund for Contemporary Art, a program of FACE.
L’exposition de Tatiana Trouvé prend forme autour d’une ballade/rébus dans la partie labyrinthique du centre d’art. Pour la première fois dans son travail, dessins et sculptures s’assemblent afin de former un jeu permanent de construction et de déconstruction. Les dessins servent ainsi de repères optiques, sans vraiment l’être, pour des installations réelles qui prennent appui sur l’architecture du bâtiment. Mais, par un effet de distorsion, cette architecture va peu à peu se déplacer, quitte à se liquéfier sur elle-même, comme dans le fameux ouvrage La Maison des Feuilles de Mark K. Danielewski, dans lequel une maison disparaît dès qu’elle se sent observée.
Comme toujours dans le travail de Tatiana Trouvé, l’exposition aborde la possibilité d’une activité dont on ne connaît ni le sens, ni le nom. Et encore moins la portée. Chaque sculpture est le signe de cette potentialité non avouée. Chaque dessin en est le reflet, ou au contraire l’origine. Les notions d’échelle et d’espace sont mis en abîme afin de se perdre à travers des repères aléatoires et incertains. Avec Tatiana Trouvé les choses ne sont pas forcément placées où elles devraient être. Rien ne semble jamais déterminé… C’est la pertinence d’une œuvre qui se reconstruit toujours d’elle-même sans pour autant se ressembler. « Tout ce qui est fixé est mort, tout ce qui n’est pas fixé n’est rien », écrivait Paul Valery.
La Villa Arson, le MAC/VAL, le FRAC Pays-de-Loire, les galeries Emmanuel Perrotin (Miami), Almine Rech (Bruxelles) et König (Berlin) co-éditent une publication consacrée à Tatiana Trouvé aux éditions König (Berlin). Textes de Daniel Birbaum, Catherine Millet et Robert Storr.
Collectif fondé à Paris en 2004, Claire Fontaine tire son nom d’une marque populaire de cahiers pour écoliers. Depuis ses débuts, Claire Fontaine se déclare artiste ready-made et élabore une version de l’art dont la caractéristique principale est d’interroger la crise de la singularité dans nos sociétés contemporaines. En ce sens, les œuvres de Claire Fontaine se présentent souvent comme des feux de détresse visant à éclairer, soit de manière poétique et distanciée, soit parfois de manière plus frontale, les contradictions de notre société.
Sous le titre Equivalences, l’exposition réunit un ensemble de nouvelles pièces produites pour l’occasion. La première est une sculpture (citation explicite des Equivalents de Carl Andre) composée de cent vingt briques entourées chacune d’une couverture différente de livre de poche. Alors que la deuxième, Lever, est un détournement tautologique de la pièce homonyme d’Andre basé sur l’itération de la brique-livre Différence et Répétition de Gilles Deleuze dans l’édition américaine. Puis, au plafond, une phrase brûlée avec la flamme d’un briquet parle de la grève sans usine des féministes italiennes des années 1970. Au mur, une accumulation de dix sérigraphies colorées du visage de la Marilyn de Warhol sont oblitérées par l’inscription « One is no one ». Dans un écran, on peut voir Étant donnés, une vidéo où des corps, que l’on devine à peine derrière le brouillage des chaînes cryptées, performent l’éternelle répétition pornographique. L’autre vidéo est une projection intitulée Échographies dans laquelle une compilation d’échographies tridimensionnelles venant du site internet You tube nous mettent face à la physionomie confuse des habitants des limbes de la vie fœtale rendue absolument publique. Ces deux travaux se présentent comme une réflexion autour de la visibilité et de l’opacité des corps, et sur la manière dont la technologie se met au service de notre besoin de voyeurisme ou d’exhibition. Pendue au plafond, une petite sculpture regroupe un ensemble de clés passe-partout utilisées par les braqueurs, assorties de plumes servant d’appâts et de hameçons pour la pêche. Leurre est une pièce particulière de la série des passe-partout, car elle présente le vol et la violence de la séduction rétinienne comme les deux terrains privilégiés de l’art contemporain.
Laurence Denimal réalise en 1997-1998 des livre-éponges (volontairement pervers et ludiques). L’année suivante, elle inaugure des textes-canevas sous forme de fiches. En 2001, elle crée des organes et des accessoires liés au corps, en skaï ou fausse fourrure, pour en faire surgir un alphabet organique. Depuis 2004, elle expérimente une écriture sous forme de nomenclatures et de codes couleurs. Dans cette logique, elle réalise un joubor (journal de bord). « Chaque jour, une base de données du quotidien, mêlant l’intime et l’actualité (dépêches AFP et Reuters). Aucune hiérarchisation, si ce n’est l’inscription de chaque événement dans son temps. Aucun commentaire : la matière à penser est dans la confrontation des données, dans l’espace créé par la juxtaposition des évènements. Chaque page du joubor n’est pas seulement la page achevée d’un livre à paraître, mais, essentiellement le matériau d’un nouveau travail d’écriture. Et cela ad libitum. »
L’exposition permet de découvrir une partie du joubor à travers l’installation de vingt-cinq classeurs présentés comme des archives consultables dans un esprit de salon de lecture. Au-delà d’une histoire personnelle, c’est toute une analyse de notre société qui est ainsi mise en exergue à travers ses hiérarchies et ses composantes socioéconomiques.
La Villa Arson et les éditions New Al Dante co-produisent une édition en tirage limité du joubor.
La Villa Arson est un établissement public administratif sous tutelle du Ministère de la Culture et de la Communication.
Elle reçoit le soutien du Conseil Général des Alpes-Maritimes, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Ville de Nice.
L’American Center Foundation a attribué une allocation spécifique pour la réalisation de ces expositions, dans le cadre de son soutien aux expositions et aux programmes artistiques.