données | communiqué de presse | publication | carton, affiche | œuvres | plan
Artiste(s) : Arnaud Maguet
Villa Arson, Nice
25 janvier - 30 mars 2003
Vernissage le 24 janvier 2003 à 18 heures
La Villa Arson présente, du 25 janvier au 30 mars 2003, une importante exposition de Martin Walde, artiste autrichien, ainsi que trois expositions personnelles de jeunes artistes, Jean-Baptiste Ganne, Arnaud Maguet et Virginie Barré.
Martin Walde est né en 1957.
Il vit et travaille à Vienne. Il sera résident à la Villa Arson en 2003.
Les œuvres de Martin Walde paraissent perpétuer quelque chose de l’art informel des années 60. Elles procèdent par accumulation de matériaux que le hasard, l’entropie ou les réactions chimiques mettent en forme : cordes et morceaux de cordes (Tie or Untie, 1999-2001), rubans de plastique (Nature’s Own Flexible Facsimilé,1997), grenouilles (Frogs,1997-2001) ou vers de terre (Worm Complex, 1997), cire en liquéfaction lente (Shrinking Bottle/Melting Bottle, 1994). Ces œuvres n’évacuent pas pour autant toute dimension narrative. Martin Walde insère ses gelées mystérieuses, ses latex fluorescents dans les circulations du sens commun comme autant d’insolites objets transitionnels, artefacts évadés d’une réserve de Land-Art postiche. Plutôt qu’en spectateur, c’est en expérimentateur que l’on doit approcher les œuvres de Martin Walde. Tous ses objets gagnent à être sentis, touchés, écoutés, vécus. Certaines installations invitent même au bricolage ou à d’inédits montages, à manipuler du savon (Jelly Soaps, 1995-1998), de drôles de voiles (Siamese Shadows, 1997-2001) ou des rustines dans un atelier de réparation de chambres à air (Aftermath the Garage,1999-2000).
L’œuvre Clips of Slips, présentée dans cette exposition, a été produite par le Kunstverein de Salzbourg, Autriche.
Virginie Barré est née en 1970.
Elle vit et travaille à Nantes et Douarnenez. Elle a été résidente à la Villa Arson en 2001.
De ses premiers travaux de sculpture où le corps, bien qu’à couvert sous les métaphores, occupait déjà une place prépondérante, Virginie Barré a conservé la part la plus morbide. Aujourd’hui, elle dessine et met en scène ses amis ou de parfaits inconnus dans des postures fort peu enviables, laissés pour morts, les membres désarticulés sur de larges flaques de sang factice (par exemple), acteurs de fait-divers par hasard. Les installations de Virginie Barré ne sont pas des sculptures. Elles jouent à postuler que quelque chose a eu lieu, mais elles postulent ça sur le ton du simulacre et de la blague, avec des résurgences de roman noir et des figures de style empruntées aux productions de séries B. Les titres eux-mêmes participent de la théâtralisation : Cache-cache petit mort (1994), Petites funérailles (1995), Corps morts (1996). Chaque installation de Virginie Barré semble rappeler que rien ni personne ne doit sortir d’ici vivant, à commencer par la narration, le plus souvent évacuée de la mise en scène, au profit du seul climax. Les œuvres de Virginie Barré « ne racontent pas d’histoires, [elles] les contiennent ».
Le catalogue de cette exposition est coproduit par le Parvis, Centre d’art contemporain, Ibos et la Villa Arson, Nice.
Jean-Baptiste Ganne est né en 1972.
Ancien étudiant de l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson, il vit et travaille à Nice et à Amsterdam.
Jean-Baptiste Ganne collectionne les « images faibles », sans qualité, s’intéresse aux compositions florales abandonnées sur de vieilles cartes postales, aux boîtes d’allumettes reproduisant des cyclistes (Les Objets, 1998), aux femmes de dos dans la rue (Prolégomènes, 1999). À chaque fois, il s’agit (par le recadrage, l’agrandissement) de charger d’une signification neuve des flots d’images stéréotypées sur lesquels le regard n’accroche plus. Plus retors, depuis 1998, il illustre aussi, chapitre par chapitre, Le Capital ; l’ouvrage de Karl Marx devient le synopsis d’un incommensurable roman-photo sur la visibilité des rapports marchands et de leurs effets, tout en constituant une réflexion sur la duplicité rhétorique de l’image photographique. Car Jean-Baptiste Ganne est avant tout un photographe. À rebours de la vogue du sampling pictural, il s’attache aujourd’hui à produire ses propres images. Pas pour valoriser son statut d’auteur ; au contraire. Ses photographies n’étalent aucune généralité stylistique, aucune subjectivité. Elles font croire qu’elles pourraient avoir été produites pour l’industrie de masse du photoreportage. Elles ne s’attachent cependant pas tant à regarder le monde qu’à tâcher de saisir comment on nous le donne à voir.
Cette exposition bénéficie du partenariat de l’École Nationale de la Photographie d’Arles.
Arnaud Maguet est né en 1975.
Ancien étudiant de l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson, il vit et travaille à Nice.
Les vidéos et les installations d’Arnaud Maguet s’imposent en vrac aux sens, à la mémoire, comme des films dont on aurait raté le début et dont on croyait depuis longtemps connaître la fin. Elles contournent la narration, l’entourent d’égards, en écument la couleur, l’avant-goût, puis s’en débarrassent, d’une pression sur la carotide. Toujours en retrait de sa propre production, Arnaud Maguet s’en tient à cette mousse qui, au sommet de la pinte du sens commun, semble invariablement vouloir monter plus haut que le bord ; le luxe avec lequel il traite le moindre détail est inversement proportionnel à l’importance que ce détail occupe dans le tableau à double-entrée des impératifs éthiques et esthétiques. Arnaud Maguet pratique un pop-art de Las Vegas, auto-parodique et virtuose, escorté par toute la ménagerie des figures historiques du rock’n roll, l’odeur du Martini, quelques héroïnes de série Z, et surtout chaperonné par l’ombre et l’icône d’un Elvis Presley qui vit peut-être encore quelque part, sous une fausse identité et un peu chauve, sans doute. La modernité clinquante (et même parfois, soyons juste, à la lisière du kitsch) d’Arnaud Maguet est définitivement celle du rétro-futurisme (ou : « Comment envisagiez- vous l’an 2000 en 1963 ? »).
Maxime Matray
Ces projets sont réalisés avec le soutien de la Drac Paca, du Conseil Général des Alpes-Maritimes, du Conseil Régional Provence-Alpes- Côte d’Azur.