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Artiste(s) : Caroline Boucher
Villa Arson, Nice
26 octobre - 5 janvier 2003
Vernissage le 25 octobre à 18 heures
La Villa Arson présente, du 26 octobre 2002 au 5 janvier 2003, une importante exposition de Fiona Tan, artiste néerlandaise, ainsi que trois expositions personnelles de jeunes artistes, Caroline Boucher, Julien Bouillon, Sandra D. Lecoq, tous trois anciens étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson.
Fiona Tan est née en 1966 à Pekan Baru, Indonésie.
Elle vit et travaille à Amsterdam.
Chez Fiona Tan, l’histoire personnelle de l’artiste et celle, forcément plus collective, de l’époque, s’imbriquent profondément. Sans ostentation, Fiona Tan donne une forme plastique (films vidéo, installations), à ses complexités racinaires ; elle noue dans chaque œuvre, de nouveau, à d’autres brins exogènes, les nœuds déjà nettement complexes de ses propres origines (née en Indonésie, père chinois, mère australienne ; a vécu en Allemagne ; vit aujourd’hui aux Pays-Bas). La volonté documentaire se tisse d’intrigante poésie, de choses lentes, de situations d’immobilité. Fiona Tan se dit sans se raconter ; par exemple lorsqu’elle écrit sur les carreaux des vitres le message illisible d’une possible déclaration de soi (Message, 1997). À la surface de ce qu’on en perçoit, il affleure singulièrement que le temps est ici une matière sensible, qui se raconte et se sculpte sur toutes les échelles (depuis l’intime jusqu’à l’historique). Souvent, des scènes d’archives viennent se mêler aux vidéos de l’artiste. Fiona Tan est fascinée par les images documentaires, par la puissance de manipulation du montage cinématographique. Elle dit : « J’aime l’idée que la vie soit une histoire que l’on raconte, je répète dans ma tête mes scènes favorites. »
Cette exposition est co-produite par la Villa Arson, le Museum De Pont de Tilburg et le DAAD de Berlin. Un catalogue sera co-édité à cette occasion (textes de Beatrice von Bismark et Els Hoek).
Caroline Boucher est née en 1972 à Saint-Denis.
Elle vit et travaille à Castelnau-le-Lez.
Les sculptures de Caroline Boucher n’ont jamais l’air d’être, à proprement parler, de la sculpture. On aurait tendance à vouloir leur prêter une fonction, à leur trouver de la silhouette. Dans certaines œuvres, des chaussettes remplies de plâtre forment un socle, bien sûr, mais ne se contentent pas de supporter le poids du « sculpté », non plus que de le surélever. Elles l’interprètent, lui conférant une expressivité toute anthropomorphique. Les sculptures de Caroline Boucher composent à la fois le corps et le personnage. D’un côté, elles semblent souligner que le corps, ou quelque chose de corporel, vient juste de s’absenter, elles en signalent la présence en creux, la vacance, comme ferait une prothèse abandonnée. D’un autre côté, ce corps absent a laissé la trace d’une posture, d’un geste qui, figé dans sa théâtralité, impose l’œuvre comme protagoniste de l’entame d’une narration.
Julien Bouillon est né en 1971 à Forcalquier.
Il vit et travaille à Nice.
La corruption, la corruption ! Voilà sans doute ce qui se laisse immédiatement repérer dans les installations de Julien Bouillon, avec à la clé l’émergence d’une question fondamentale : comment se fait-il que ces marchandises qui nous réjouissent tant finissent un jour ou l’autre par être périmées ? Je croyais pourtant qu’il était incassable… énonce le petit d’homme devant le cadavre du chiot de noël 1987… Near Death Experience, sitcom de la vanité, angoisse de sentir que la chair n’est qu’un piège qui se referme sur lui-même, tant et si bien que ça plisse et ça cloque (comme, en d’autres lieux, plisse la peinture, mais moins inexorablement, car elle s’arrête juste au bord, elle), sont autant de motifs pour Julien Bouillon. Mais, attention ! La mort n’est pas LE sujet. Ce qui intéresse ici, c’est ce qui se passe juste avant, quand le corps crie qu’on le laisse faire encore un peu, ce corps intubé, mis en machine (machiné, dira-t-on, comme mis en intrigue), mis en images ici et là, dispersé dans l’inventaire post-clinique de ses parties dolentes.
Sandra D. Lecoq est née en 1972 à Penja, Cameroun.
Elle vit et travaille à Nice.
L’œuvre de Sandra D. Lecoq s’effectue par juxtaposition d’effets minimaux, de formes et de gestes fondamentaux mis bout à bout, par accumulation de touches. Toutes ces opérations de peu, considérées séparément, n’auraient l’air de rien ; d’une occupation du temps, d’un déploiement compulsif dans l’espace clos de l’atelier (ou d’ailleurs). Mais elles constituent l’outil d’un projet pictural plus vaste (depuis les palettes « augmentées » des Magagnes jusqu’aux séquences vidéo du Délicieux cadavre exquis, avec Olivier Bartoletti). Les Cookies Carpets, les Penis Carpets (titres autant que programme figuratif, suggestion de lecture) sont composés de chiffons tachés (résidus de pratiques plus anciennes), de pièces de vêtements, nouées, tressées ensemble. Cette longue linéarité de touches de couleurs aléatoirement prélevées est ensuite employée comme matériau et mis en forme ; la ligne devient surface, endigue le procédé qui la fonde, son indétermination abstraite liminaire et fait image dans le tapis.
Maxime Matray
Ces projets sont réalisés avec le soutien de la Drac Paca, du Conseil Général des Alpes-Maritimes, du Conseil Régional Provence-Alpes- Côte d’Azur, du Museum De Pont de Tilburg, du DAAD de Berlin, du Mondriaan Stichting d’Amsterdam.