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La patinoire : communiqué de presse

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Artiste(s) : Gilles Barbier

Villa Arson, Galerie Carrée, Nice
26 juin - 18 octobre 2009

Vernissage le 25 juin à 18 heures

Commissaire d’exposition : Éric Mangion


Il faut imaginer une scène de patinage artistique au cours de laquelle le danseur échange le couple patins/glace - qui lui permet de glisser - par un grand nombre de substances et d’objets (peau de banane, vaseline, merde, fromage fondu, ver…) que j’appelle, de manière générique, des agents mouillants. Tous les gestes et toutes les figures de la chorégraphie sont alors exécutés sur une piste d’opaline très lisse uniquement en dérapant et en glissant sur les objets. On entrevoit l’état de désarticulation du corps qui affronterait un tel programme. Mais ce que montre réellement La Patinoire, c’est l’état de la piste après le spectacle, les traces enchevêtrées des chutes, des glissades ; la carte précise de tous les segments d’espace où les trajectoires sont brisées, infléchies ou accélérées.

C’est ainsi que Gilles Barbier définit cette installation en forme d’ellipse d’une surface de 12 mètres sur 8, spécialement conçue pour la Galerie Carrée du centre d’art. Tous les objets qui la composent constituent une sorte de vocabulaire formel récurrent dans son travail. Quand je dépose une peau de banane entre deux objets, c’est parce que la trajectoire qui mène de l’un à l’autre n’est ni une droite ni une marche, encore moins une démarche, mais une ligne brisée, un ricochet, une danse compliquée, un déhanchement ou un grand écart, une chute. Tous les agents mouillants que je répertorie et que je livre sous la forme de petites sculptures hyperréalistes sont à saisir comme les segments interstitiels entre deux ou plusieurs états d’une pensée qui ne va pas droit. Si l’on situe tous les objets que je présente sur La Patinoire dans le contexte que je viens de décrire, alors La Patinoire devient l’espace où la pensée non linéaire, non raisonnable peut s’ébattre et danser librement.

Ce qui peut paraître comme une pensée absurde ou énigmatique, l’est moins à partir du moment où l’on comprend à quel point La Patinoire renvoie à l’univers tout entier de l’artiste. L’œuvre de Gilles Barbier est peuplée de formes et d’images qui se font écho de façon moléculaire, sans début ni milieu, tout en formant une sorte de constellation dont le principal objectif est d’échapper à tout formatage de la pensée. Chaque opération qui égratigne ou entache la pureté du sens m’apparaît, au même titre que le calembour, comme une activité spirituelle et joyeuse. Il développe ainsi son travail à partir d’une réflexion construite année après année sur le terrain des turbulences, des probabilités, des motifs instables et de la multitude. Dans un monde qu’on nous présente chaque jour comme multivalent et global, quel sens y a-t-il à être stable, cohérent, intégré ? L’étroitesse de la personnalité est obsolète. Le mono-moi m’ennuie. L’idée de passer ma vie coincé dans un style me fait aussi peur que d’être enterré vivant. Il y a un chantier conceptuel qu’il est grand temps de défricher, et qui consiste à questionner les notions de cohérence, de motif ou de style dans des espaces probabilistes, combinatoires, instables…


Gilles Barbier est né en 1965 au Vanuatu, il vit et travaille à Marseille.
Il est représenté par les Galeries Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris) et Taché-Levy (Bruxelles).


La Villa Arson est un établissement public administratif sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Elle reçoit le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Conseil Général des Alpes-Maritimes et de la Ville de Nice.