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De Rijke / De Rooij : communiqué de presse

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Collectif(s) d'artistes : De Rijke / De Rooij

Villa Arson, Nice
20 avril - 16 juin 2002

Vernissage le 19 avril 2002 à 18 heures

Commissaire d’exposition : Laurence Gateau


La Villa Arson présente, du 20 avril au 16 juin 2002, plusieurs expositions personnelles : la première présentation importante, en France, des travaux de Jeroen de Rijke et Willem de Rooij, artistes néerlandais, ainsi que deux expositions consacrées à des artistes ayant passé plusieurs mois en résidence à la Villa Arson, Jordi Colomer et Leen Voet.


Jeroen de Rijke et Willem de Rooij sont nés en 1970 et 1969.
Ils vivent et travaillent à Amsterdam.

Lorsqu’on les interroge, Jeroen de Rijke et Willem de Rooij ne se présentent pas comme des cinéastes, mais comme des plasticiens qui tournent des films en 16 mm et 35 mm. Il n’y a là nulle coquetterie, sinon qu’ils préfèrent envisager leur production sous l’angle croisé de la sculpture et de la peinture. Ainsi, la manière dont l’œuvre est présentée compte presque autant que le film lui-même. Ils aménagent les espaces de monstration avec une rigueur toute fonctionnelle, afin que chaque salle, entre deux projections, puisse être aussi parcourue du regard comme une espèce d’installation minimaliste.
Dans ces espaces neutralisés sont projetés des films relativement courts qui ne développent aucune intrigue, aucune histoire. Du temps et de la lumière passent à travers des blocs d’images successives ; le spectateur est fait inquisiteur du moindre mouvement, du moindre geste ; le presque perceptible, les micro-variations s’imposent à l’œil.
Alors le cinéma se trouve réduit à ce qu’il a de plus visiblement cinématographique, c’est-à-dire à ce qu’il possède de plus immédiatement pictural et sculptural : les artefacts de la projection, la planéité de l’écran (comme une fenêtre sans espagnolette), les taches colorées sur la pellicule. Et pourtant, quelque chose de la narration a survécu à la réduction…
On distingue encore les traces d’un contour narratif, dilué dans l’immédiateté de l’image, de la couleur ou d’un travelling. De Rijke et de Rooij se livrent à un très précis travail de démontage des conventions de l’art cinématographique. Les registres d’emprunt varient avec chaque film.
Nous sommes face à des images, mais ces images en appellent d’autres sans cesse et d’autres encore qu’on aimerait placer avant, après ou parfois ailleurs ; elles sont là comme un membre fantôme qui ne dirait pas son emplacement ; elles font commerce de nos vieilles habitudes de spectateurs. Il y a du film hors le film.

L’exposition a reçu le soutien du Mondriaan Stichting, Amsterdam.


Jordi Colomer est né en 1962 à Barcelone.
Il vit et travaille à Barcelone.

Les vidéos de Jordi Colomer conservent sans doute quelque trace de sa formation à l’architecture. Elles déploient tout à la fois et dans un même mouvement (celui de la caméra), la spatialité symbolique d’un récit et celle d’un décor ; des acteurs choisis soigneusement (ils sont souvent, dans la réalité, assez proches de ce qu’ils jouent) évoluent au sein d’un espace clos, notablement factice (les constructions en carton sont omniprésentes chez Jordi Colomer ; elles ne se cachent pas).
Toute la dramaturgie se retrouve cristallisée sur des objets de transfert ; Simo parmi ses boîtes accumulées, Pianito et son piano poussiéreux en carton, la ville falsifiée d’A, B, C, etc.
Redoublant la clôture de l’espace, une espèce de clôture du temps cinématographique permet qu’on entre dans ces films et qu’on en puisse sortir à tout moment. La durée n’est jamais que celle de l’expérience qu’on souhaite en avoir. Ainsi, lorsqu’il s’agit de définir l’ensemble de sa récente production, Jordi Colomer emploie-t-il le terme de « sculpture dilatée dans le temps ». C’est d’autant plus vrai que l’espace n’est jamais donné a priori chez Colomer ; il se construit, se constitue, se déconstruit et se transforme au rythme de l’usage qu’en ont les protagonistes.
Jordi Colomer attache beaucoup d’importance à mettre en scène ses vidéos dans l’espace de leur monstration et fabrique souvent, pour cela, des éléments de décors et des ambiances colorées (souvent rouge) en connexion avec ses films. Le spectateur est invité à prendre place dans un espace à sa mesure. Pour cette exposition, Jordi Colomer présente une œuvre réalisée dans le théâtre de la Villa Arson lors de son séjour à Nice en 2001.

Leen Voet est née en 1971 à Herentals.
Elle vit et travaille à Bruxelles.

Les œuvres de Leen Voet se situent au croisement de plusieurs pratiques (peinture, sculpture, photographie, installation, écriture, cinéma), renvoient à différents niveaux de représentation (le documentaire, le conte, le fantasme, l’abstraction) et pourtant présentent une cohérence syntactique forte ; Leen Voet manipule comme des signes autonomes les images qu’elle fabrique, de façon à ce que ces images accumulées produisent l’illusion d’une pluralité de voix.
C’est avec (et dans) la conscience de cette facticité que Leen Voet envisage la représentation du paysage. C’est le genre-paysage, en soi, qui constitue son sujet. Le genre avec ses modalités d’exécution, ses stéréotypes. Les tableaux qu’elle peint, les photographies qu’elle prend, les décors qu’elle construit ne constituent jamais autre chose qu’une série de flexions de cette image générique du paysage. Aplaties par la reproduction photographique et mises en narration par la projection séquentielle, ces flexions qui se plient à toutes les contraintes du genre (notamment les contraintes figuratives de la ressemblance) déploient l’idée que le paysage n’est jamais a priori le lieu d’une interrogation directe. On ne s’interrogera pas sur la véracité d’une description de paysage ; ça n’aurait rien de pertinent, parce que rien du paysage lui-même ne passe réellement dans la représentation qu’on s’en fait. Quelque chose du peintre, de l’esprit, d’un contexte, quelque chose de Dieu ou de la peinture s’y arrête parfois. Mais rien de la nature, bien entendu, « parce qu’elle n’est déjà plus là quand l’œil se pose sur elle » (Lao-Chi-Hien).
Leen Voet présente dans cette exposition (entre autres choses) une installation conçue lors de son séjour à la Villa Arson, en 2001.

Maxime Matray

Ces expositions sont réalisées avec le soutien du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.