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Studio ∞ : communiqué de presse

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Artiste(s) : Axel Huber

Galerie de la Villa, Villa Arson, Nice
26 novembre - 22 décembre 1994
et 4-5 janvier 1995

Vernissage le 25 novembre à 18 heures


Studio n° 8 for ever

Il faudrait pouvoir marcher dans l’exposition d’Axel Huber avec l’âme du regardeur fraîchement débarqué dans le monde de l’art contemporain, libre de toute pensée, sans savoir ce qu’a représenté pour la Villa Arson, depuis 1986, le travail de cet artiste, assistant au service expositions.

Il faudrait pouvoir ignorer l’existence du studio n° 8, officine d’art et de vie, lieu de décision de bien des protocoles d’exposition et, accessoirement, appartement de cet artiste venu de Suisse, pour mieux apprécier la sobriété de ces grandes photographies et de leurs petites sœurs.

Il faudrait aussi, pour traverser innocemment les rayons des projecteurs de diapositives, oublier les beuveries, entrecoupées de leçons sur l’art, dans ce studio plein de fumeurs et de bruit, où le son de la télé brouille celui des disques et où l’on ne sait plus si c’est l’image sur l’écran qu’il faut regarder ou bien la séquence frénétique des diapositives.

Il aurait peut-être fallu aussi ne pas écrire de texte, risquer que les gens s’y perdent. Mais ça je ne peux pas.

Se résigner alors à regarder ces tranches de vie qui se succèdent sur les murs et tout doucement s’immerger dans les quelques souvenirs que l’on partage avec elles. Le premier repas chez Axel autour de la table ronde, avec l’impératrice Sturtevant, Chanel le chien et quelques étudiants. Retrouver l’émotion de la première rencontre avec les auteurs des œuvres que l’on a adorées au détour d’un article ou d’un catalogue d’exposition. Se dire alors qu’on a bien eu de la chance de vivre l’art dans cette Villa Arson.

Rentrer dans le studio n° 8, tel qu’on ne l’a jamais vu. Vide. Mis à distance par la recréation fictive de son espace dans la Galerie de la Villa avec l’aménagement de ces murs bas. Tout juste une réminiscence des lieux, différente de celle que Dominique Gonzalez-Foerster avait imaginée au sol pour nous parler de l’appartement de son enfance. Être dedans et dehors, là où les murs sont un peu sales. Regarder de l’extérieur vers l’intérieur et de l’intérieur de l’extérieur. Voir ce qu’a été l’atelier du peintre Axel. Repérer les œuvres d’artistes célèbres entreposées ça et là. Reparcourir très vite les rayons de la bibliothèque.

Puis finalement, sortir de cette chambre et voir enfin cette peinture. Les dessins. Ne plus voir que ça. Alors revenir aux grands tirages photographiques épinglés sur le mur, très bas, plier l’échine, et les regarder autrement.

Comme sur la porte d’une chambre d’hôtel où le numéro huit aurait glissé de 45 degrés : le signe de l’infini. Studio n° 8 for ever. Car il y aura toujours des tables autour desquelles, en mangeant et en buvant, des amitiés grosses comme un cœur naîtront. Tard dans la nuit, attablé, l’on créera encore des œuvres d’art, l’on pensera encore des expositions.

Catherine Macchi